Une nouvelle définition de l'obésité ?
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Une nouvelle définition de l'obésité ?

Une nouvelle définition de l'obésité ?

Un individu est considéré comme obèse lorsque son indice de masse corporelle est supérieur à 30. De nouvelles recommandations venant de chez nos amis canadiens proposent cependant une autre définition pour cette pathologie multifactorielle.

Les auteurs estiment en effet que l’indice de masse corporelle et le taux de masse grasse ne suffisent pas à déterminer si un individu est obèse : il faut que cet excès de graisse corporelle soit nuisible à sa santé.

L’obésité est une maladie chronique et complexe, évolutive et récidivante fort répandue qui se caractérise par une accumulation anormale ou excessive de graisses corporelles (adiposité) nuisible à la santé

Qu’est-ce que ça change pour nous thérapeutes ?

Cela met en lumière la nécessité de proposer une prise en charge axée sur l’amélioration de la santé et non sur la perte de poids des individus.

Il y a peu de chance que nos interventions fonctionnent à long terme si nous nous contentons de dire aux patients de bouger plus et de manger moins; notamment en proposant une thérapie sous forme de cure sans éducation. L’objectif principal de nos interventions en thérapies physiques devrait être de favoriser l’adhérence de l’individu obèse à un mode de vie plus équilibré et durable. Il conviendrait d’agir sur le comportement de la personne.

Cependant, on peut imaginer que cette nouvelle définition ait pour conséquence une diminution du nombre de patients inclus dans les services nutrition et une baisse du nombre de cas dans les études épidémiologiques. De plus, une question se pose : on sait que des personnes obèses peuvent être métaboliquement en bonne santé (metabolically healthy obese : MHO), mais que ceux-ci sont tous de même plus à risque de développer des pathologies associées.
Comment considérer ces individus ?

Pour répondre à ces problématiques, les auteurs nous exhortent à adopter une nouvelle échelle de mesure pour déterminer le degré d’obésité d’une personne à la place de l’IMC : l’Edmonton Obesity Staging System (EOSS) qui prend en compte les aspects métaboliques, physiques et psychologiques de l’individu. Cette échelle donne également des recommandations de prise en charge en fonction du degré d’obésité du patient (figure ci-dessous).

EOSS

Par exemple, pour les personnes obèses ne présentant pas de facteurs de risques associés à l’obésité, pas de symptômes physiques, pas de psychopathologies, pas de limitations fonctionnelles ni de détérioration de leur bien-être, l’EOSS propose d’informer le patient sur les comportements vertueux à adopter plutôt que de proposer un traitement intensif.

Ils insistent également sur la nécessité pour les thérapeutes de s’informer sur les préjugés et stigmatisations dont sont sujet les personnes obèses, ces derniers pouvant aggraver la maladie de l’individu.

Et surtout, ils recommandent une prise en charge pluridisciplinaire, fondée sur les données probantes, qui inclut la thérapie nutritionnelle, l’activité physique, les approches psychotérapeutiques, la pharmacothérapie et la chirurgie. Comme beaucoup de pathologies chroniques, la prise en charge devra se faire en collaboration avec le patient et les autres membres de l’équipe thérapeutique et devra être centré sur celui-ci avec la mise en place d’objectifs communs axés sur le changement de comportement. Les auteurs recommandent également une gestion à long terme de cette prise en charge.

Pour conclure, bien que ces recommandations soient destinées à la population canadienne et non française, elles vont dans le sens des directives nationales qui promeuvent l’éducation thérapeutique avec une prise en charge holistique centrée sur le patient, qui doit lui-même être acteur de sa santé.