Les crampes musculaires à l’exercice
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Les crampes musculaires à l’exercice

Les crampes musculaires à l’exercice

Les crampes musculaires à l’exercice font l’objet de beaucoup d’idées reçues et de solutions miracles dans le milieu du sport et de la réhabilitation. Cette revue de littérature fait le point sur les connaissances actuelles du sujet et sur les divergences entre les différents chercheurs.

Introduction

Les crampes musculaires à l’exercice sont généralement expérimentées comme une « contraction douloureuse, spasmodique du muscle squelettique qui intervient durant ou immédiatement après un exercice musculaire ». Différents types de crampes peuvent être identifiés : celles intervenant en début d’exercice, celles intervenant en fin d’exercice prolongé, celles intervenant plusieurs minutes voire plusieurs heures après l’exercice. Il n’est pas clair que les mécanismes de ces différents types de crampes soient identiques.

Les facteurs de risques

Les données actuelles apportent des résultats insuffisants pour statuer sur des facteurs de risques clairs. Cependant, il semblerait que le type d’effort ait une incidence sur la fréquence d’apparition de crampes : les efforts d’endurance prolongés et les sports collectifs favorisaient en effet ces dernières, notamment en ambiance chaude.

Des efforts inhabituels, comme une intensité ou une durée de travail plus élevées, augmenteraient également le risque de crampes.

Fait surprenant, les sportifs d’endurance expérimentés y seraient également plus sujets que leurs homologues moins expérimentés.

Causes possibles

Deux causes principales de la crampe musculaire ont été conjecturées et divisent les scientifiques : la première est la perturbation de l’équilibre hydrique et électrolytique, la seconde est l’altération du contrôle neuromusculaire.

Les évidences scientifiques sont faibles des deux côtés et il semble évident que la cause d’une crampe est multifactorielle.

Perturbations de l’équilibre hydrique et électrolytique

Les premières études observationnelles et prospectives appuyant cette théorie étaient réalisées principalement sur des mineurs et datent des années 1920 et 1930. On observait alors qu’une prise excessive d’eau combinée à une perte électrolytique (i.e., très probablement sodique) due à une sudation importante seraient effectivement facteur de crampes. De plus, l’ajout de sel dans l’eau avait permis de faire presque complètement disparaître l’apparition de crampes chez les mineurs. Des résultats similaires ont par ailleurs été trouvés dans des études plus récentes.

Cette théorie n’explique cependant pas l’apparition de crampes en ambiance froide sans sudation ni prise hydrique excessive. Il semblerait donc que d’autres facteurs doivent être pris en compte.

Contrôle neuromusculaire altéré

Cette théorie stipule que l’apparition de crampe serait causée par « une activité du réflexe spinal anormale et prolongée, qui semble être secondaire à la fatigue musculaire ». Cette activité anormale se situerait au niveau des motoneurones alpha.

Les auteurs conjecturent que l’association entre l’augmentation des signaux excitateurs de la contraction musculaire (i.e., afférences du fuseau neuromusculaire) et la diminution des signaux inhibiteurs (i.e., afférences de l’organe tendineux de Golgi) provoquerait la crampe musculaire.

crampes

Effectuer un étirement passif sur le muscle affecté soulage les symptômes de crampes par une inhibition autogène provoquée par le réflexe de l’organe tendineux lorsqu’on allonge manuellement le muscle. Cette observation renforce la théorie de l’altération du contrôle neuromusculaire.

Cependant, cette théorie n’explique pas pourquoi les crampes arrivent plus fréquemment dans un environnement favorisant les stress thermiques, pourquoi certains individus sont affectés tandis que d’autres ne le sont pas, et pourquoi la crampe n’est pas une conséquence inévitable d’un exercice fatiguant.

Prévention et traitements envisageables

Bien que les mécanismes soient mal connus, il n’est pas nécessaire de les comprendre pour savoir si un traitement est efficace ou non.

Il semblerait que l’ingestion de sel dilué dans une boisson soit une stratégie efficace pour réduire le risque d’apparition de crampes. Les étirements passifs des muscles touchés soulagent les symptômes ; cependant, ils ne semblent pas être une bonne stratégie préventive.

De façon étonnante, il semblerait également qu’un placebo ou que des médecines alternatives comme l’homéopathie, l’ingestion de jus de cornichon, de quinine, de moutarde et de vinaigre puissent être des stratégies préventives efficaces. Les croyances de chacun pourraient avoir une grande importance dans les stratégies préventives.

Conclusion

Les crampes musculaires induites par l’exercice sont encore mal connues et font l’objet de débat entre les spécialistes. Elles semblent être causées par deux mécanismes distincts : les perturbations de l’équilibre hydrique et électrolytique, causés par une sudation importante et une prise hydrique excessive ; et/ou une altération du contrôle neuromusculaire, causée par une stimulation des afférences excitatrices et une diminution des afférences inhibitrices de la contraction musculaire. Les stratégies les plus efficaces seraient l’ingestion de boisson salées et les étirements passifs du muscle affecté en phase aigüe de la crampe.

Auteurs à suivre sur le sujet : MP Schwellnus ; KC Miller.