La rupture du ligament croisé antérieur chez le sportif
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La rupture du ligament croisé antérieur chez le sportif

La rupture du ligament croisé antérieur chez le sportif

Della Villa, Francesco, et al. (2020) « Systematic video analysis of ACL injuries in professional male football (soccer): injury mechanisms, situational patterns and biomechanics study on 134 consecutive cases. » British journal of sports medicine

Je suis dernièrement tombé sur un article intéressant du British Journal of Sports Medicine s’intéressant aux mécanismes de rupture du ligament croisé antérieur du genou chez le sportif.

En moyenne, chaque équipe de football professionnel connaît une rupture de LCA toutes les deux saisons, avec les conséquences importantes qu’une telle blessure implique pour les sportifs: rééducation longue, risque de re-blessure, carrière écourtée etc..

Les chercheurs ont analysé 127 matches de football du championnat italien dans lesquels un joueur avait subi une rupture totale de LCA. Ils ont ainsi déterminé :

  • 1. la situation de jeu qui a causé la blessure
  • 2. la cinésiologie du mécanisme de la blessure
  • 3. le moment du match et de la saison où la rupture avait le plus de chance de survenir.

Une première chose intéressante à relever est que 14 % des ruptures étaient des re-blessures (6 % de rupture du LCA contralatéral, 7 % de rupture du même LCA après reconstruction chirurgicale). Cette proportion est cohérente avec les données publiées ailleurs, comme chez les athlètes universitaires américains.

Sans surprise, la grande majorité des situations de rupture impliquait la mise en charge de la jambe sur le sol, soit en appui unipodal (70%), soit en appui bipodal (30%). Voyons voir maintenant quelles forces précises provoquent une rupture de LCA.

Dans 12 % des blessures, un contact direct sur la jambe a eu lieu. 13 fois sur 16, le genou a été forcé en valgus. Les trois fois restantes, un contact antérieur forçant une hyperextension a causé la rupture du LCA.

44 % des ruptures sont survenues sans qu’il y ait eu contact et 44 % après un contact indirect, c’est-à-dire quand le joueur a été touché a un endroit autre que la jambe blessée. Le bassin et le tronc étaient les plus fréquemment touchés parmi les joueurs.

Les ruptures de LCA surviennent particulièrement quand le joueur presse ou tacle (décélération du corps ou changement de direction soudains) (47 % des cas) ou quand il est taclé (20%). Les deux autres catégories identifiées, retrouver l’équilibre après un tir ou atterrir au sol après un saut, étaient moins fréquentes (16 % et 7 % des cas).

La cinésiologie la plus fréquemment observée était la suivante : une flexion rapide du genou associée a un déplacement des autres segments dans le plan frontal (pied planté tourné vers l’extérieur, hanche en rotation interne & abduction, tronc en rotation controlatérale et inclinaison homolatérale). L’illustration fournie par les auteurs résume bien cela :

Cinésiologie rupture LCA : modèle squelettique

Si on combine cette posture peu avantageuse à l’impact subi par le genou en match (3-4 fois le poids du corps lors d’une rupture), on voit bien comment la résistance maximale du ligament d’environ 2 000 N peut être facilement dépassée en jouant!

Finalement, concernant le moment des ruptures de LCA, elles sont plus fréquentes en début et en fin de saison. Les auteurs postulent que le sol est plus sec et donc plus dur à ces moments-là, ce qui favoriserait les blessures, ou que les joueurs sont moins préparés physiquement (en début) ou plus fatigués (en fin de saison).

La fatigue au cours du match ne semble pas jouer. Les rupdtures de LCA sont en effet plus fréquentes en début de match(25 % dans les premières 15 minutes), peut-être expliqué par un engagement physique plus intense après le coup d’envoi ou un manque d’échauffement des tissus ?